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ORTHOPUS, mettre la tech au service du handicap et du bien commun.

By 14 avril 2021mars 22nd, 2024No Comments
Orthopus Kickmaker

Les convictions bien chevillées au corps, c’est avec un entrain certain que David Gouaillier, fier capitaine d’équipage, nous a accordé une interview sur ORTHOPUS, son entreprise, son cheval de bataille quotidien sur lequel Kickmaker a la chance de travailler. 

En quête de sens

Créée en 2018, ORTHOPUS est une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui conçoit et commercialise des solutions médicales dédiées au handicap moteur. Cette entreprise, construite sur un solide socle de valeurs sociales, navigue fièrement en suivant pour cap l’appareillage d’un maximum de personnes dans le monde avec des dispositifs médicaux de qualité et des aides techniques au handicap.  

Après avoir co-fondé Aldebaran Robotics (désormais Softbank Robotics) et avoir œuvré pour le robot NAO des années durant, David, capitaine d’entreprise déterminé,  a senti le besoin de redonner du sens à son travail. Doctorant en robotique, et spécialiste du mouvement, il était les jambes et la locomotion de NAO. “À l’époque, je lisais déjà pas mal de papiers scientifiques sur les prothèses parce que j’essayais de copier l’homme sur NAO pour le faire marcher. C’est donc un peu naturellement qu’ensuite, je me suis dirigé vers les prothèses ” nous dit-il.  

Un constat effarant

C’est en devenant bénévole au sein de l’association My Human Kit en 2017 que David participe pour la première fois au développement d’une prothèse de main robotique DIY De cette expérience déterminante, naîtra ORTHOPUS. “Il y a de plus en plus de personnes en situation de handicap dans le monde. Les chiffres augmentent en raison du vieillissement de la population, de nos modes de vies, des guerres... Pourtant, 9 personnes sur 10 n’ont pas accès aux aides techniques, qu’il s’agisse de lunettes, de fauteuils roulants ou de prothèses.”  
 
Ce constat effarant s’explique, selon l’OMS, par deux problèmes principaux : les états ne remboursent pas les aides techniques au handicap, et les prix de ces aides sont beaucoup trop élevés, ce qui exclut de facto la possibilité d’équiper la majorité des pays du monde.  
 
Si les systèmes de sécurité sociale sont de prime abord une excellente chose, ils ont sur le prix des équipements médicaux un effet pervers : les grandes entreprises pharmaceutiques qui développent ces aides se focalisent sur les pays qui remboursent, dont la France est championne avec la sécurité sociale, et fixent ainsi des prix élevés.

Innovation frugale et open source

Pour contrer ces effets perversORTHOPUS a trouvé la parade. “On fait de l’innovation frugale”, nous explique David. Leur motto ? Pourquoi ajouter des briques technologiques à un dispositif alors que 9 personnes sur 10 dans le monde n’ont déjà pas accès à des choses qui existent depuis 20 ans en France ?

Pas d’esbrouffe, inutile de réinventer la roue, les équipes d’ORTHOPUS partent de l’existant et travaillent avec astuce et entrain à abaisser drastiquement les coûts de fabrication des aides techniques pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Cette croisade sociale et solidaire constitue la ligne d’horizon du navire ORTHOPUS. 

S’ajoute à cela la dimension Open source de leur travail, dans un univers médical où la propriété intellectuelle pose question : “je suis anti-propriété intellectuelle. C’est le grand mal de notre siècle. Les innovations de santé devraient être un bien commun et servir à tous” nous dit David.

C’est pourquoi le travail réalisé par ORTHOPUS est déposé sous licence CCO (Creative Commons) “no right reserved”. Cet acte indique qu’ORTHOPUS cède son oeuvre au domaine public en renonçant à tous ses droits sur l’oeuvre en questionen vertu de la loi sur le droit d’auteur, y compris tous les droits connexes et voisins, dans la mesure autorisée par la loi. En résumé, quiconque peut copier, modifier, distribuer et exécuter l’oeuvre, même à des fins commerciales, le tout sans demander d’autorisation.  

“Si tu veux me copier, tu peux” nous explique David. “Bien sûr, on prend une sorte de risque, mais encore une fois, la ligne d’horizon suivie par ORTHOPUS, c’est d’appareiller le maximum de personnes avec du matériel de qualité. Donc si tu me copies et que tu fais du matériel de qualité, ça ne me dérange pas, je suis en train de suivre ma ligne”.

Les aides fabriquées nécessitent parfois beaucoup de technique (usinage, injection).   Certaines solutions seront  faciles à réaliser, et d’autres beaucoup plus pointues. Néanmoins, l’équipe d’ORTHOPUS réfléchit à des modules plus légers qu’il sera possible d’imprimer soi-mêmetels qu’un porte-médiator pour jouer de la guitare. 

Enfin, en parallèle de tout cela, ORTHOPUS travaille sur la certification médicale de leurs produits. Espérons qu’ils ouvrent le champ d’une innovation pérenne. 

Aujourd’hui, ORTHOPUS compte 10 membres d’équipage pour mener ce navire à bon port. Ils travaillent avec des ONG et des professionnels de santé, notamment Handicap International, même si l’utilisateur final est la personne en situation de handicap

 
Actuellement, deux chantiers de R&D sont menés de front : des prothèses de membres supérieurs pour les personnes amputées de la main ; et des assistances robotiques de compensation pour les personnes en fauteuils à mobilité réduite. À terme, l’objectif est de développer un bras robotique qui se pose sur le fauteuil. Ces produits existent déjà, l’objectif étant de les proposer à moindre coût, et en open source. “C’est d’ailleurs sur cette technologie que nous avons gagné le concours Ilab cette année” nous précise David.  
 
Il existe différents types de prothèses : la prothèse esthétique, la prothèse mécanique et la prothèse myoélectrique qui fonctionne avec des capteurs musculaires posés sur le bras du patient qui permettent de la contrôler.  

La collaboration ORTHOPUS / Kickmaker

C’est sur cette dernière forme de prothèse que Kickmaker travaille actuellement avec ORTHOPUS. L’objectif R&D ? Développer une prothèse de main myoélectrique innovante et toujours à coût maîtrisé accessible à tous. 

Le partenariat ORTHOPUSKickmaker a débuté il y a un an avec le premier POC et se poursuit actuellementCe projet a su, par sa portée sociale et solidaire, fédérer les ingénieurs Kickmaker bien au-delà de la mission, et susciter des implications personnelles fortes.  

Lucie Brelot, ingénieure chez Kickmaker en charge de la gestion du projet nous raconte : « j’ai repris le sujet à la fin du POC intégré (Proof Of Concept = premier démonstrateur), puis fait le planning pour l’EVT (Engineering Validation Test = prototype destiné à valider les fonctionnalités) qui consiste en une mise à jour de la mécanique du boîtier capteur pour le préparer à l’industrialisation, en respectant les exigences d’ORTHOPUS concernant la taille et la forme du boîtier. Pour ce capteur myoélectrique, deux itérations d’électronique ont été nécessaires et ont permis de fixer le schéma du capteur. Nous avons également sourcé des électrodes en AgCI à l’aide des collègues chinois. Cette mission représente un vrai challenge, car la contrainte Design to Cost est forte » nous dit Lucie. « Pour le moment, L’EVT 1 délivré est fonctionnel et permet de contrôler une prothèse de main.”
 

Charlie Bouly, ingénieur chez Kickmaker, s’implique quant à lui personnellement sur le sujet, en dehors de ses heures de travail : “dans le cadre de mes missions Kickmaker, je n’ai pas eu l’opportunité de travailler pour ORTHOPUS. Par contre, je m’implique sur mon temps libre, ce sujet de prothèses correspondant à mon objectif professionnel. Il rassemble des personnes compétentes au-delà des préoccupations lucratives habituelles, et redonne du sens à l’utilisation de la technologie”.

La suite ? “Nous attaquerons bientôt le DVT qui permettra de figer le design mécanique et de produire un plus grand nombre de prototypes (de 50 à une centaine). » nous dit Lucie.  

Une belle mission à suivre de près. 
En attendant, si vous souhaitez obtenir plus d’informations sur ce partenariat, n’hésitez pas à nous écrire

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